The Binding of Isaac (et son DLC Wrath of the Lamb)

SOS enfant maltraité

 

Nom : The Binding of Isaac
Développeurs : Edmund McMillen et Florian Himsl
Genre : Action/Aventure
Sortie : 28/09/2011
Support : PC/Mac/Linux
Multijoueur : Non
Jouabilité : Clavier
Prix : 4,99 € sur Steam

 

The Binding of Isaac est le dernier bébé en date de Edmund McMillen, le papa talentueux de Super Meat Boy. Mais cette fois-ci, exit la plate-forme et vive l'action/aventure et l'exploration de niveaux aléatoires tous aussi glauques les uns que les autres.

Le petit frère pas mal loti de Super Meat Boy

Edmund McMillen, comme je vous l'avais précédemment présenté, est un programmeur talentueux qui a déjà à son actif bon nombre de jeux en flash. Découvert par le grand public fin 2010 avec le chef d'oeuvre Super Meat Boy, McMillen sort à peine un an plus tard The Binding of Isaac en coopération avec un autre programmeur, Florian Himsl, et Danny Baranowsky à la musique (le même compositeur que pour SMB).

A la grande surprise de McMillen, le jeu rencontrera un vif succès et un DLC, Wrath of the Lamb verra alors le jour en mai 2012. En mars 2013, il atteint les deux millions de ventes.

Le DLC étant indissociable du jeu d'origine une fois installé, ce test portera sur le jeu d'origine et Wrath of the Lamb.

The Binding of Link

The Binding of Isaac raconte l'histoire d'Isaac, jeune garçon séquestré par sa mère, qui s'invente et se dessine des aventures pour échapper à son triste quotidien. Il s'imagine alors que sa mère, addicte aux télévangélistes, reçoit de Dieu l'ordre de le sacrifier. Il s'enfuit donc par une trappe et va s'enfoncer de plus en plus profondément dans les profondeurs pour fuir le courroux maternel. Le scénario est très cryptique et ferait un sujet de choix pour un étudiant en psychologie tant les références à l'abandon, les relations conflictuelles mère/fils et les allusions religieuses sont nombreuses.

La mère d'Isaac dans un remake du sacrifice demandé à Abraham.

Ce qui saute aux yeux en jouant pour la première fois à The Binding of Isaac, c'est la ressemblance frappante (et assumée) avec les donjons des premiers Zelda. En effet, vous circulez de salle en salle, découvrant ainsi peu à peu l'architecture du niveau. Pour quitter une salle, vous devrez venir à bout de tous les ennemis à l'écran. Pour passer au niveau suivant, il vous faudra trouver la salle du boss et vaincre celui-ci. Oh, ai-je précisé que salles, ennemis, niveaux, boss et objets étaient générés aléatoirement ?

Mais Isaac n'est pas Link. Il n'a ni épée étincelante, ni bouclier. Son arme, ce sont ses larmes. "Mouais... Pas très épique tout ça", me direz-vous. Et vous auriez raison. Au début du jeu, vous êtes seul et faible, ne disposant que d'une seule bombe (servant à tuer des ennemis, détruire des éléments du décor ou trouver des salles secrètes). Fort heureusement, à mesure que vous progresserez, vous glanerez ici et là des pièces de monnaie, des bombes supplémentaires et des clefs. Ces précieuses clefs vous permettront d'accéder à des magasins et des salles spéciales qui vous permettront d'acquérir des objets primordiaux, boostant certaines de vos capacités et donnant un aspect RPG au jeu.

Bienvenue dans les accueillants magasins du monde d'Isaac, où vous pourrez parfaire votre stuff (appréciez au passage le look supermeatboyesque que m'a conféré un objet précédemment trouvé).

Du stuff en veux-tu en voilà

Ces objets sont le coeur du jeu, et devant leur nombre (près de 200), il vous faudra un bon moment avant de les débloquer et de les essayer (car rien ne vous indique l'effet produit). Ainsi certains boosteront vos stats (vitesse de déplacement, cadence de "tir", puissance des larmes, portée des tirs), augmenteront vos HP, ou appliqueront certains effets à vos tirs (ralentissement, tirs guidés, doublés...). D'autres objets pourront être déclenchés manuellement (on pensera notamment à la Game Boy qui vous transformera en Pacman pendant quelques secondes, vous rendant invulnérables et redoutables pour les ennemis).

Ces différents éléments de stuff transforment physiquement votre petit Isaac, le rendant plus ou moins bad-ass.

Dans l'ordre, nous avons une mouche et un couteau protecteur me tournant autour, une tête de Steve tirant en même temps que moi, un carton autour de la taille et un visage tuméfié grâce au poing américain me permettant de cracher des dents.

Hormis le stuff, vous pouvez bénéficier de d'autres objets consommables, comme les pillules, dont vous ignorerez toujours l'effet (néfaste ou bénéfique) avant l'absorption (exactement comme un enfant trouvant des médicaments, en fait). Vous trouverez également les 21 cartes d'atout du tarot, dont chacune aura un effet déterminé.

Les trinkets (en gros, les babioles) ajoutés avec le DLC Wrath of the Lamb, ajoutent un effet passif comme un plus gros pourcentage de trouver des coeurs ou des pièces. Bref, vous ne ferez pas une seule partie avec le même équipement.

Mimi et gore à la fois

L'ambiance du jeu, sous des abords enfantins, est très malsaine et gore, à commencer par le bestiaire.

Les ennemis que vous rencontrerez semblent tout droit sortis de l'imagination malade d'un psychopathe (McMillen, quoi).

Monstres et Boss sont tous plus dégueu les uns que les autres.

Entre les corps sans tête crachant du sang par leurs trachées, les araignées aux trop nombreux yeux ou des ennemis ouvrant leurs torses pour en cracher des vers, les amateurs de saloperies sur pattes seront à la fête.

Un des petits plaisirs du jeu est d'apprendre à connaître les monstres et boss ainsi que leurs patterns pour pouvoir mieux les contrer.

Beaucoup de ces monstres sont d'ailleurs issus d'anciens jeux de McMillen : les vers géants de Super Meat Boy, Steven de Time Fcuk et autres petits Gish tenteront de vous tuer. Vous pourrez également bénéficier de l'aide de Super Meat Boy himself, ou encore vous habiller comme Dr. Foetus pour bénéficier de tirs explosifs dévastateurs.

Le jeu ne se contente pas d'allusions vidéoludiques mais est truffé de références bibliques, ce qui lui aura d'ailleurs coûté son annulation sur Wii. Prévue pour sortir sur le WiiWare, Nintendo, qui a toujours été frileux sur le sujet religieux, a préféré annuler le projet.

Il faut dire que l'univers du jeu ne ressemble en rien au royaume champignon de Mario avec son humour parfois pipi/caca où même les écrans de chargement nous montrent un Isaac prostré, ressassant ses pires humiliations.

L'enfance de McMillen n'a pas dû être de tout repos...

Une jouabilité originale

Parlons un peu maniabilité. Bien que simple sur le papier, elle comporte certaines subtilités.

Tout vous est expliqué dès le premier écran du jeu.

Difficile de faire un tutoriel plus succint et efficace.

Tout se joue au clavier (le combo clavier/souris est possible mais je le déconseille). Avec ZQSD, vous déplacer votre personnage, pendant que votre main droite se servira des flèches directionnelles pour choisir dans quelle direction vous tirerez vos larmes. Shift ou E vous permettront de poser des bombes alors que la barre espace vous fera utiliser un objet en votre possession.

"Quid des tirs en diagonale ?", me direz-vous, ce à quoi je répondrai que vous commencez à être pénible à intervenir ainsi dans mon test. Il n'en demeure pas moins que c'est une bonne question. Vous pouvez orienter vos larmes en leur donnant un effet en déplaçant Isaac au moment du tir. Ce petit point vous demandera un poil d'entrainement mais vous le maîtriserez assez rapidement.

Notez au passage qu'il n'est pas permis de modifier les contrôles, si ce n'est d'activer ou non le mode qwerty. On ressent bien l'habitude de McMillen de développer ses jeux sur navigateur. Le soft est d'ailleurs entièrement codé en flash, ce qui entraîne nécessairement des limitations techniques. Ainsi, un trop grand nombre d'ennemis sur l'écran fera chuter ostensiblement le framerate, entraînant de lourds ralentissements.

Vous avez dit "glauque" ?

Une durée de vie gargantuesque

Mais au final, The Binding of Isaac fait partie de ces petits jeux indé totalement addictifs que vous ressortirez régulièrement pour une petite session d'une dizaine de minutes.

Entre ces centaines d'objets à collectionner, ces six personnages jouables à débloquer (chacun ayant des caractéristiques propres), sa dizaine de fins différentes et ses succès très difficiles à obtenir, vous n'avez pas fini d'y revenir.

Ajoutez à cela les dix challenges qui vous font débuter le jeu dans des conditions spécifiques (pas de visibilité de l'architecture des niveaux, un Isaac aux stats boostés ou accompagné de Super Meat Boy), et vous comprendrez pourquoi j'en suis à plus de 260 heures de jeu.

McMillen travaille actuellement à une réédition du jeu sous le nom de The Binding of Isaac : Rebirth proposant bien sur du nouveau contenu (nouveaux niveaux et personnages jouables), un mode de coopération en local et un relooking 16bit des graphismes (ce qui en fait plus un "damake" qu'un "remake" selon les propres termes de McMillen). Le jeu sera disponible sur PC, PS3/Vita et potentiellement sur iOS.


Graphismes : Colorés, mais pas vraiment mignons, dus aux limitations techniques du Flash. Le tout passe cependant très bien et les animations dérangeantes des monstres ainsi que les transformations que subies notre petit Isaac sont bien rendues.

Ambiance sonore : Danny Baranowsky a encore fait un excellent travail et les musiques inquiètantes teintées d'électro qui vous accompagnent dans votre descente aux enfers collent parfaitement à l'action tout en étant variées. Les bruits commis par les monstres sont aussi dégueulasses que leur aspect.

Durée de vie : Pffffff... "All You Can Eat" comme diraient les Américains. Si vous accrochez un tant soit peu au principe, vous n'en avez pas fini de vous replonger dans ce titre hautement addictif.

Originalité : Même s'il s'inspire des Zelda, on ne peut pas dire que ce genre de jeu court dans les rues, aussi bien pour son gameplay que pour son ambiance mature.

 

Liens utiles :

Vous pouvez vous essayer à une démo du jeu sur navigateur à cette adresse : http://www.komix-games.com/

 

Publié le 20 août 2013

(de l'anglais "images par seconde") désigne le nombre d'images par seconde qu'un jeu est capable d'afficher. Du framerate dépend la fluidité d'un jeu.
(de l'anglais "motif") désigne l'ensemble des mouvements et attaques (répondant à un schéma répétitif) d'un ennemi.
(de l'anglais "affaires", ou "trucs"). Utilisé généralement dans les MMORPG pour désigner l'ensemble ou une partie des objets dont dispose un personnage (pièces d'armure, armes...). Ex : "Woa, ce stuff de roxor !"
(acronyme de Health Points) désigne les points de vie d'un personnage.
(de l'anglais "affaires", ou "trucs"). Utilisé généralement dans les MMORPG pour désigner l'ensemble ou une partie des objets dont dispose un personnage (pièces d'armure, armes...). Ex : "Woa, ce stuff de roxor !"
(acronyme de "Role Playing Game" : "jeu de rôle"). Genre très populaire sur PC, les RPG sont issus des jeux de rôle "papier", et consistent à diriger un ou des personnages que vous devrez faire évoluer au fil du jeu pour augmenter leurs capacités et leurs pouvoirs.